Sur le terrain et même en main la distinction entre un grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla) et un grimpereau des bois (Certhia familiaris) reste malaisée, bien qu'ils vivent en général à hauteurs différentes. Le grimpereau des jardins se tient à quelques mètres du sol tandis que son cousin préfère le haut des arbres. Pour un ornithologue expérimenté, le cri  s'avère un critère très fiable.
Les grimpereaux parcourent le tronc des arbres par petits bonds les pattes largement écartées, ils prennent appui sur la queue pour extirper de petites proies cachées dans les replis des écorces.

   
   
         

Lorsqu'ils sont en danger ou  inquiets, les grimpereaux se collent à l'arbre. Plumage particulièrement cryptique et  immobilité  parfaite  les rendent quasi indétectables. Un oiseau en main de la famille des grimpereaux s'identifie immédiatement par le plumage, par le  bec long,  fin  et arqué, et par les rectrices typiques des oiseaux grimpeurs. Ces caractéristiques ne laissent 

aucune  possibilité de confusion. Le problème et il est de taille pour nos régions, la famille des Certhiidae comprend, le Grimpereau des jardins, Certhia brachydactyla et le Grimpereau des bois , Certhia familiaris. La distinction entre  les deux espèces est très délicate et il convient de vérifier plusieurs critères. .


Détermination de l'espèce
 
     

Grimpereau des jardins, Certhia brachydactyla

Si l'on compare ces photos deux à deux, les critères d'identification proposés dans les "Guides du naturaliste" apparaissent assez clairement, le Grimpereau des bois Certhia familiaris est plus roux avec un sourcil prononcé et des flancs blanc argenté.
Cette impression visuelle est tributaire des conditions d'observation et de luminosité. De plus la photographie en studio pour le premier et en plein soleil pour le second accentue probablement les différences.
Il  faut  aussi  savoir    que  pour  l'année 1999, 375 Grimpereaux  des  jardins   contre   seulement   24

Grimpereau des bois, Certhia familiaris

Grimpereaux des bois ont été bagués pour toute la Belgique.
La probabilité de voir les deux espèces côte à côte est donc pratiquement nulle.
L'ornithologue bagueur ne peut se limiter à ces détails subjectifs mais ceux-ci constituent un signal d'alerte:  la présomption de Grimpereau des bois Certhia familiaris est sérieuse et il faut établir l'identification en vérifiant tous les critères connus applicables à  l'observation de l'oiseau en main.


 

Le dessin de la 3ème plume d'alula
 

L. Svensson signale que le dessin de l'extrémité et de la lisière claire au vexille externe de l'alula Al-3 peut prendre 6 formes différentes chez le Grimpereau des jardins et 4 formes différentes chez le Grimpereau des bois. On  peut retenir qu'une lisière  large et continue est un critère en faveur du Grimpereau des jardins. Toute autre forme est ambiguë, de plus l'usure peut affecter cette lisière.
 

   
 
Motifs géométriques de l'aile
 
Les marques qui forment la barre alaire atteignent progressivement le rachis.Chez le grimpereau des jardins, la marque de la 4e primaire est absente ou diffuse.

Cette photo a été présentée en version entière dans la page "le vol" du site "A la découverte du baguage scientifique".
Les marques chamois crème sur les rémiges secondaires et les rémiges primaires à partir de P4 ou P5 forment une barre alaire très visible. La géométrie formée par ces marques constitue des critères fiables pour l'identification des espèces de Grimpereaux.

 

 
Partie non recouverte brun foncé.Extrémités bien délimitées de forme blanchâtre.Usure. Marques trapézoïdales s'étalant contre le rachis. Usure.Partie non recouverte brun moyen.Extrémités diffuses de teinte chamois. Forme plutot rectangulaire que trapézoïdale.

Grimpereau des jardins, Certhia brachydactyla
Les marques au vexille externe qui constituent la barre alaire forment un trapèze.  En direction de l'extrémité de la plume (partie distale), elles se rétrécissent   progressivement, atteignent le rachis et disparaissent.
L 'extrémité P7 laisse sur P6  une longueur b découverte, l'extrémité P8 laisse sur P7 une longueur a découverte. L'oiseau est un Grimpereau des jardins Certhia brachydactyla si: b<2a. La tache blanche à l'extrémité des P7-10 est de forme bien définie et la partie de P6 non recouverte par P7 est de teinte brun foncé.
 

Grimpereau des bois, Certhia familiaris
Les marques au vexille externe qui constituent la barre alaire forment des rectangles et entre eux ils dessinent des seuils abrupts.
 La même mesure donne : b>2a.
La tache  à l'extrémité des P7-10 est de forme diffuse et de teinte chamois blanchâtre. La partie de P6 non recouverte par P7 est de teinte brun moyen.

   

Chez le Grimpereau des jardins, la rémige P4 ne porte généralement  qu'une marque très faible au vexille externe. Elle peut même être totalement inexistante. 
Par contre chez le Grimpereau des bois cette marque est toujours nette et bien visible.


Mesures
 
   

 Chez les oiseaux adultes une longueur du bec de >21mm  indique un Grimpereau des jardins et  de < 15mm un Grimpereau des bois, les valeurs  entre 15 et 21 ne constituent aucune référence. En tenant compte des longueurs du bec et de l'ongle arrière, Mead (1975) a suggéré:
Grimpereau des jardins: < 0,14 x bec + 5,6
Grimpereau des bois:   > 0,14 x bec + 5,6


Détermination du sexe
 

Aucun dimorphisme sexuel du plumage n'est apparent, en période de nidification la présence d'une plaque incubatrice ou d'un cloaque développé indique le sexe de l'oiseau.


Détermination de l'âge
 

Dans nos régions, les deux Grimpereaux sont des oiseaux sédentaires, leur mue ne sera donc ni restreinte ni précipitée.
La mue postnuptiale se déroule de juin à septembre, elle est complète et occupe 70 à 75 jours alors que pour le Roitelet triple bandeau Regulus ignicapilus, oiseau migrateur, elle ne dure que 53 jours.
Selon la date d'éclosion,  la mue postjuvénile se déroule de fin juillet à fin septembre, elle est étendue mais partielle .
La mue postjuvénile concerne le corps et la totalité des couvertures alaires supérieures, parfois les tertiaires mais aucune rémige ni rectrice. Dès fin septembre,  toutes les grandes 
 

couvertures (GC) sont renouvelées et il devient impossible de distinguer les Grimpereaux en plumage postjuvénile des Grimpereaux en plumage postnuptial, ces Grimpereaux seront notés d'âge inconnu (FG).
L'oiseau qui montre une mue postnuptiale en cours dans les rémiges, rectrices ou couvertures primaires  sera noté >1Y.
                 

 L'oiseau juvénile
 
   

L'oiseau >1 qui peut aussi bien être en plumage postjuvénile que postnuptial
 
   


Contrôle d'un oiseau bagué le 01-08-2002 repris sur place le 16-4-2004                  

 

   
   


Usure de R1

 

 

L'usure des plumes ne peut être retenue comme critère d'âge même si une rectrice de 1ère génération semble plus fragile qu'une plume muée. La structure des rectrices ressemble à celle des plumes de pics qui comme les Grimpereaux s'appuient sur leur queue. Chez les Sitelle et Torcol qui n'adoptent pas ce comportement les rectrices sont arrondies comme chez

 la plupart des oiseaux. Cette structure particulière avec des plumes au rachis très renforcé, avec des barbes sans barbules qui ressemblent à des poils implantés le long du rachis leur confèrent une bonne résistance à la flexion et à l'usure latérale. La mue des rectrices commence par R2 et suit l'ordre R2-3-4-6-5, R1  mue  lorsque les autres sont fonctionnelles.
 

 

   

Divers
 
 
Les plumes sétiformes frontales ne protègent guère les narines.De courtes plumes sétiformes garnissent les commissures.    
 
Extrémité de la langue.Une ou deux soies prolongent la langue.Mandibule inférieure.

La littérature scientifique décrit avec précision les langues particulières des pics et du torcol. Il existe beaucoup moins de renseignements concernant la langue des grimpereaux.
  Cramp & Perrins notent dans le volume VII page 345: "Langue longue, étroite et cornée avec des bristles au sommet".
La photo montre une différence de structure entre deux parties enchâssées l'une dans l'autre. Cette photo prise sur un oiseau vivant ne permet pas de savoir si ces appendices peuvent se rétracter ou s'allonger.
Servent-t-ils à détecter ou à embrocher une proie?

 

   
 

©  Copyright 2004 Gaston Gast