Pour la plupart des passereaux, un an et des centaines voire des milliers de kilomètres séparent le moment où une plume de vol grandit et celui où elle est renouvelée. Les plumes sont résistantes, légères et durables mais malgré le soin que l'oiseau prend pour les entretenir régulièrement elles s'usent et se dégradent inévitablement au fil du temps.

 Les sollicitations répétées ne sont pas la principale raison de l'usure, les agressions climatiques et du milieu provoquent bien plus de dégâts. L'usure ne peut être retenue comme critère d'âge que chez très peu d'espèces, notamment en automne pour les Rousserolles, Fauvettes des jardins, Hypolaïs adultes qui  renouvellent leur plumage en Afrique.

   
Rousserolle effarvatte, Acrocephalus scirpaceus: les rousserolles muent en mars en Afrique, en migration d'automne elles présentent un plumage usé ce qui permet de distinguer les adultes des jeunes en plumage frais.L'extrémité des rectrices est décolorée, le plumage de cet oiseau n'est guère usé.Les extrémités des primaires montrent des barbes distendues et d'une usure normale. En septembre, le Rouge-gorge, Erithacus rubecula vient de muer, les plumes sont fraîches et en bon état. Au printemps, cette plume de Verdier d'Europe, Carduelis chloris est décolorée, c'est le début d'une usure normale. En juin, cette rectrice de Pic épeiche, Dendrocopos major est fortement usée, la partie claire pauvre en mélanine n'existe plus, la partie sombre riche en mélanine et plus résistante commence également à s'user. Forme probable avant usure.
 
   

L'usure par frottement

Les tertiaires assurent la liaison entre l'aile et le corps. Le frottement contre les flancs engendre une usure qui réduit la rigidité de l'aile et donc la portance. La queue agit comme gouvernail, les rectrices sont disposées symétriquement par rapport à la paire centrale et s'étalent à gauche et à droite. Ce mouvement antagoniste se traduit par une usure par frottement parfois très importante au niveau des rectrices centrales notamment chez la Fauvette grisette Sylvia communis et la Fauvette babillarde Sylvia curruca.

   
Tertiaires T7-9 d'une fauvette à tête noire en date du 12-08-99.Tertiaire T7 fortement usée avec extrémité du rachis cassée.Tertiaire T8 en croissance, extrémité fraîche sans usure.Tertiaire T9 fortement usée Au printemps, rectrices centrales d'une Fauvette grisette, Sylvia communis anormalement usées, cas rare mais pas exceptionnel.
   

Effet des radiations solaires

La lumière solaire vive agit défavorablement sur la kératine et les pigments incorporés qui constituent la plume. Les rémiges externes se recouvrent partiellement l'une l'autre et ce ne sont que les extrémités des plus longues qui subissent les radiations solaires. Cette partie exposée commence par se décolorer, la structure des barbes et barbules perd sa cohésion , les barbes se séparent, cassent en entraînant la rupture du rachis. Ce sont surtout les espèces qui hivernent en Afrique  qui présentent cette forme d'usure.

   
Fauvette à tête noire femelle: au repos les rémiges primaires se recouvrent partiellement. Les extrémités des rémiges primaires de P4 à P9 sont exposées à l'humidité et aux radiations solaires. Cette rémige P4 d'une Fauvette à tête noire montre la partie exposée déjà bien plus usée que la partie recouverte par p5.Partie exposée fortement usée et qui continue à se dégrader jusqu'à la mue au mois d'août.Partie protégée toujours bien structurée. Le Rouge-queue à front blanc hiverne au sahel et revient aussi avec des rectrices usées
   

Les carences alimentaires

Une carence alimentaire lors du nourrissage des poussins provoque une déficience dans la formation des plumes au niveau de la structure et de la pigmentation.
Cette altération se traduit par des barres de croissance qui fragilisent les plumes.
En automne, ces barres apparaissent sur les rémiges et surtout sur les rectrices.
A la fin du printemps, certains oiseaux présentent des rémiges ou des rectrices   cassées  toutes au même niveau ce qui handicape fortement l'oiseau.

   
Rectrices d'une Fauvette babillarde,Sylvia curruca en septembre: la pigmentation est irrégulière et les extrémités sont déjà usées.

En août, les rectrices de cette Rousserolle turdoîde, Acrocephalus arundinaceus sont très fragilisées et casseront probablement avant la prochaine mue en février-mars.

 Les rémiges de cette Mésange charbonnière, Parus major montrent à terme les dégàts causés par une carence au nourrissage.
   

©  Copyright 2004 Gaston Gast